COMITE DE QUARTIER ANNECY-NOVEL-TEPPES

La Vie du Camp de Novel

 Article publié originellement dans le blog "AnnecyNovelPlaceAnnapurna" et repris avec l'autorisation d'Elisa.

 

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Porte du camp août 1946

 

Merci à Michel ODESSER pour ce document historique.

Texte et documents de Michel ODESSER, fils de Henri ODESSER

 

Photos Henri ODESSER - photographe à Annecy

extraites de la brochure  "Hinter dem Draht"     (Derrière les barbelés)

Les photos de Henri ODESSER sont accessibles au Musée-château d'Annecy, et aux Archives départementales de Haute-Savoie.

 

Le camp de Novel


 

 

Le camp de Novel, où étaient cantonnés les Compagnons de France, a été réaménagé en septembre 1944, juste après la Libération, pour regrouper les PGA (les prisonniers de guerre Allemands), qui étaient parqués provisoirement en divers endroits de la ville.

Les Compagnons de France étaient souvent confondus avec des miliciens en raison de leur uniforme assez semblable, alors qu’ils cachaient des israélites et des réfractaires au STO. Ils avaient même mis leurs propres paroles sur le célèbre « Maréchal nous voilà » qui était chanté lors du lever des couleurs. Le camp de Novel a également hébergé les classes du collège technique de garçons (futur lycée Germain Sommeiller) durant l’année scolaire 1943-1944, lorsque les Allemands ont réquisitionné le bâtiment le 8 novembre 1943, dès leur arrivée à la place des italiens, pour en faire un hôpital.

L’entrée du camp est avenue de Novel, qui est encore un chemin rural non goudronné, juste derrière la future église Saint-Louis. Le drapeau de la place d’armes marque l’emplacement du début de la future rue Louis Armand, au niveau du square.

Le camp de Novel comptera plus de 6.000 prisonniers enregistrés, mais en réalité moins d’un millier sur place, car le maximum d’entre eux sont affectés dans diverses entreprises du département… ce qui permet de réaliser de substantielles économies, notamment sur la nourriture car on est en période de restrictions.

Le camp est gardé par les tirailleurs Marocains du 5e RTM, qui ont décoré les guérites dans le style de leur pays. Les barbelés sont plus que symboliques. Les quelques rares prisonniers qui parviennent à s’évader, d’ailleurs sans aucune difficulté puisqu’ils travaillent en ville, sont rapidement repris à la frontière suisse.

D’autres prisonniers Allemands, souvent capturés en Allemagne par les Américains qui ne savent pas quoi en faire, viendront volontairement grossir l’effectif en 1946 après la fin de la guerre.

Le camp de Novel est essentiellement constitué de baraques Adrian, en bois, et de quelques constructions en dur. Les prisonniers cultivent leur potager pour améliorer l’ordinaire, en raison des restrictions. La popote clandestine est souvent plus nourrissante que la cuisine officielle, les prisonniers rapportant parfois quelque nourriture récupérée lors de leur travail en ville, malgré les restrictions.

La vie au camp de Novel devient rapidement très active. Les prisonniers expriment leurs talents artistique, musical, sportif ou théâtral, selon leurs compétences.

 

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Un match de football Pentecôte 1946

 

Les prisonniers aménagent une bibliothèque, des salles de cours et une salle de spectacles. Les activités culturelles et intellectuelles s’installent spontanément, elles constituent une forme d’évasion.

L’orchestre du camp est dirigé par Gerhard Dornbusch, qui est dans le civil compositeur et premier violon de l’orchestre de Vienne. Une référence. Au camp, Gerhard Dornbusch est à la fois interprète et porte-parole entre les prisonniers et l’autorité française. Il sera symboliquement le dernier à quitter le camp, le 30 septembre 1947.

Chaque matin, après avoir pris leur casse-croûte pour la journée, les prisonniers partent en commando pour se rendre à leur travail en ville.

Loin d’être malheureux, les prisonniers Allemands ont en général de bons contacts avec la population. Plusieurs vont même rester à Annecy après la fermeture du camp le 30 septembre 1947, ou y revenir, pour diverses raisons. Ils vont s’intégrer à la société annécienne, et épouser des filles de la ville.

Etant lui-même prisonnier-évadé, résistant et photographe, mon père Henri Odesser fut le seul photographe admis à photographier dans le camp de Novel, aussi bien par l'autorité française, que par les Allemands.  Il a ainsi fait plus de 500 photos de la vie du camp, y compris l’envers du décor comme la lessive, le coiffeur, l’infirmerie, les expositions, spectacles et concerts. Ce reportage exclusif était l'une de ses fiertés.

 

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" Si vous regardez attentivement la rose des vents, vous remarquerez que l'aiguille de la boussole est dirigée, non pas vers le Nord comme cela se fait habituellement, mais vers la droite, entre le Nord et l'Est… autrement dit en direction de l'Allemagne depuis Annecy (cette rose des vents était peinte à dessein sur un mur de la salle de cours, en raison de son orientation). L'aigle impérial est par contre campé bien d'aplomb : tout un symbole ! "

Cette photo, ô combien symbolique, a servi de couverture à une brochure-souvenir réalisée à la demande des Allemands, avec les photos prises par mon père.

Les prisonniers ont sélectionné les photos, rédigé les textes, et réalisé la mise en page.

On retrouve au dos de la couverture la rose des vents et l’aigle impérial qui ornent la salle de cours.

Le financement de cette brochure s’est effectué par prélèvement sur le pécule des prisonniers, avec leur accord. Une prouesse, car le papier était rare à l’époque.

Chaque prisonnier en a reçu un exemplaire à titre de souvenir avant la fermeture du camp le 30 septembre 1947.

C’est à ma connaissance un cas unique dans les anales de la seconde guerre mondiale. Mais il est vrai que ce camp de Novel était en quelque sorte un camp modèle !

Les Archives municipales, le Musée-Château d’Annecy et les Archives départementales de Haute-Savoie possèdent quelques exemplaires de cette brochure.

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Texte de Michel Odesser

(extrait du diaporama « Regards sur Annecy et sa région aux lendemains de la Libération »

 

 

 

 

 

 

Hallo,

sind Sie zwischen September 1944 und September 1947 im Lager von Novel gewesen? Ich möchte Ihnen Photos zeigen, die mein Vater in dieser Zeit aufgenommen hat. Wenn Sie bestimmte Personen auf den Photos erkennen (Deutsche oder Franzosen) kann ich deren Namen hinzufügen. Geschichten und Anekdoten zum Leben im Lager sind ebenfalls willkommen.

Sie können mich über diesen Blog kontaktieren.

Michel Odesser.                                                        




02/10/2012

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